encore un bel article de cette raclure :
APRÈS LE DÉCÈS d’un hooligan parisien autour du Parc des Princes la saison dernière (23 novembre 2006), l’attention est extrême sur d’éventuels
risques de dérapage, y compris sous d’autres formes, comme les bagarres en marge des matches. Avant d’être élu président de la
République, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, avait demandé la multiplication des interdictions de stade, la dissolution des groupes
violents et l’aggravation des sanctions disciplinaires. Sur ce dernier point, Frédéric Thiriez, le président de la LFP, pense que les sanctions
sont suffisantes : « Les instances sont déjà très sévères. On ne peut pas me reprocher une quelconque faiblesse. Je rappelle le match à huis
clos infligé par la commission de discipline à Marseille, parce qu’un de ses supporters avait blessé grièvement un pompier à Nice
(29 octobre). On n’a pas le droit de baisser la garde, ce qui n’empêche pas de discuter avec les Ultras, constitués en coordination. Nous
avons enfin un groupe représentatif pour dialoguer. Mais nous ferons preuve de fermeté à chaque fois que nousaurons des comportements violents.»
La possibilité de dissoudre des groupes de supporters fait désormais partie de l’arsenal répressif, considérablement renforcé la saison
dernière avec les interdictions administratives de stade, décidées par le préfet. De 342 indésirables comptabilisés la saison dernière – nombre
qui a gonflé après le drame au Parc - on devrait atteindre rapidement le millier, l’objectif des services du ministre de l’Intérieur, Michèle
Alliot-Marie : « Cela couvrirait l’ensemble des individus qui posent problème sur notre territoire. » Comment y parvenir ? Lundi dernier,
lors d’une réunion Place Beauvau, un protocole a été soumis à la concertation de la FFF et de la Ligue. Il s’appuie sur un rapport réalisé par
l’inspection générale de la police, qui pointe deux problèmes : l’interdiction administrative n’est pas toujours assortie de l’obligation de
pointer au commissariat ou à la gendarmerie et ce pointage n’est pas toujours bien organisé.
Une circulaire doit être adressée par Mme le Ministre aux préfets pour améliorer ce fonctionnement. Pour être plus dissuasif, il est préférable,
par exemple, de faire pointer un supporter à la mi-temps d’un match. Le temps qu’il vienne et qu’il reparte lui feramanquer la rencontre. Autre élément important, l’autorité judiciaire devra être informée de ces mesures afin qu’elle puisse sanctionner pénalement le manquement de pointage.
Malheur aussi aux fauteurs de troubles en possession d’une licence. À l’avenir, l’autorité administrative devra informer la FFF afin qu’elle puisse par exemple les sanctionner sportivement par le retrait ou la suspension de leur licence.
Le fichier des interdits bientôt prêt Deux réformes législatives, encore plus radicales, devraient être incluses dans la loi d’orientation pour la sécurité intérieure (LOPSI), qui sera examinée en première lecture par le Parlement, avant la fin de l’année. Christophe Baguet et Claude Goasguen, députés, et Philippe Goujon, sénateur, le souhaitaient, tout comme, plus récemment, Michel Le Poix, monsieur Anti-hooligan au ministère de l’Intérieur (L’Équipe du 2 juillet) : l’interdiction administrative de stade ne serait plus limitée à trois mois… mais à six. « Cela permettrait de couvrir l’essentiel de la saison », indique le ministère de l’Intérieur qui invente, pour durcir encore le régime « une sorte de récidive administrative » .
Concrètement, un supporter qui commettrait de nouveau dans un délai de trois ans des troubles à l ’ordre public (agressions, racisme…) pourrait être interdit de stade pour ne durée allant jusqu’à un an.
Aux préfets ensuite de respecter la proportionnalité de la peine. Enfin, l’article L. 332-16 du Code du sport, sur l’interdiction administrative, tel qu’il est rédigé, en évoquant le comportement de supporter « à l’occasion de manifestations sportives», ne permet au préfet d’agir qu’en cas de répétition des faits. La modification du texte qui ferait alors référence « à la commission d’un fait grave à l’occasion de l’une des manifestations sportives » lui donnerait la possibilité de prendre immédiatement un arrêté.
Michèle Alliot-Marie, dont la première loi relative à la sécurité des manifestations sportives (6 décembre 1993) porte son nom, poursuit naturellement la lutte contre la violence dans et autour des stades initiée par son prédécesseur qui, à l’Élysée, reste sensible à cette
plaie.
Les hooligans s’adaptent en permanence. Leur marge de manoeuvre va se réduire. Elément indispensable à toutes ces mesures, le fichier national
des interdits de stade (FNIS), destiné à la police et aux gendarmes, est attendu avant la fin de cette année.
MARC CHEVRIER